Faisons voyage sur la route menant à l'or [ Tyris ]

Si la vie offre des opportunités à ceux qui se lèvent tôt, Thessalya n’y a, quant à elle, jamais cru. Alors qu’elle baillait innocemment aux corneilles, se prélassant dans une chambre qu’elle avait pu payer grâce à ses maigres économies, le bruit envahissant de la ville se fit entendre. A vrai dire, elle avait fait halte sur les Terres de l’Est au sein d’un petit village qui ne semblait vivre que de chasse et de pêche. Ce matin-là, ce fut par l’installation du marché qu’elle se retrouva réveillée. Les yeux gonflés, le regard vaseux, la donzelle se prépara cependant à une fulgurante vitesse pour aller sillonner les rues animées. Envolée sa mauvaise humeur, place à son intérêt notoire pour les découvertes. Beaucoup de reliques attirèrent son attention et bien que l’idée saugrenue de s’en emparer lui traversa l’esprit, une meilleure opportunité s’offrit à elle. Une affiche se perdit entre ses cheveux alors que le vent l’avait poussée là. S’emparant de l’annonce, les montagnes d’or que l’on pouvait voir dessiner sur le papier suffirent à la faire saliver. Son quotidien venait de s’illuminer alors qu’elle avait mis pied dehors dès l’aube, pensant à revoir l’ordre de ses priorités chaque matin, elle saisirait désormais les opportunités dès le soleil levé.

Il lui avait fallu quelques heures de marche pour trouver l’emplacement où devaient se regrouper les aventuriers. Désireuse que leur nombre soit moindre, la blonde priait intérieurement pour que certains soient tombés dans des embuscades en cours de route ou puissent tout simplement être malades. Pourtant, en approchant du point de rendez-vous, ses doigts croisés entre eux derrière son dos n’avaient suffit à faire changer d’avis le capricieux destin. Cinq personnes se tenaient devant elle dont certaines d’un bel effet tandis que d’autres tendaient à devoir s’offrir un bon bain. Scrutant un instant les quelques pièces qui trônaient dans ses poches – l’ordre n’ayant jamais été son fort -, la donzelle se refusa cependant à offrir ne serait-ce qu’un clou pour qu’on puisse laver cet énergumène. L’humain à l’odeur nauséabonde semblait pourtant peu antipathique, son sourire franc suffisait à réchauffer l’atmosphère. Un second humain s’ajouta au lot en la qualité d’une demoiselle. Vêtue d’une robe taillée pour l’occasion, ses bottes raclaient le sol qui semblait demander pénitence. Spontanée et frivole, elle ricanait bêtement aux propos tenus par un centaure qui devait la trouver à son goût. Le Prince Charmant pouvait être fier d’avoir rejoint les rangs de ce groupe peu commun car son charisme s’alliait à l’affection qu’il portait à ses armes. Deux épées, un poignard ainsi qu’un arc étaient disposés devant cet homme qui astiquait soigneusement ses bijoux. Dame Prétentieuse jetait de furtifs coups d’œil dans sa direction bien qu’il n’eut d’yeux que pour ses jouets. Le premier individu vint se joindre à Thess qui lui accorda le bénéfice du doute, ne jugeant point quiconque. Il la questionna sur ses motivations quand à participer à l’expédition et lui assura que tous savaient manier les armes, au cas où. Prince Charmant bien que très éloquent et fantasque pouvait embrocher un monstre en moins de deux, Princesse Perdue Dans Ce Décor cachait son jeu et possédait quelques pouvoirs bien utiles tandis que la force des Centaures ne sont plus à prouver. Tandis qu’il lui comptait sa vie en tant que mercenaire errant, une silhouette se dessina à l’horizon, légèrement en retrait, la pionnière n’arrivait pas à distinguer les traits de son visage mais devinait qu’elle allait se joindre au groupe.

Le commanditaire de l’expédition fit enfin son entrée. Imperturbable et incroyablement petit, il fallut se retenir dans l’assistance pour ne point en venir aux moqueries. Il toussota, appelant ainsi le silence puis prononça quelques mots.

« Mes amis, je vous ai convié aujourd’hui à cette étrange expédition car je crois, son regard se posa sur Dame Ecervelée qui battait des cils pour impressionner leur financeur, non je suis certain que vous y arriverez. J’ai besoin que vous me rapportiez une plante que l’on ne trouve que dans la Forêt des Murmures. Je sais que vous serez de pas plier face à ses charmes et que vous ressortirez vainqueur. »

Face aux regards inquisiteurs, le bonhomme en vint vite aux faits.

« Quant au trésor, vous pourrez vous le partager. On raconte qu’il regorge de milles richesses et qu’il fera de vous des hommes et femmes riches. Il existe de source sûre. Cependant, ma santé me défend de me joindre à vous car je dois ménager mes efforts. Sur ce, mon campement reste installé ici jusqu’à votre retour. Bonne chance à vous ! »

L’appel de l’or suscita une envie de partir à l’aventure pressant chez Thessalya bien que la raison la rappela à l’ordre. Allait-on imaginer un plan ou s’engouffrer dans les dédales de la forêt incessamment sous peu ? Elle voyait que le groupe paraissait dubitatif et tenta une percée.

« Vous l’avez pas entendu ? On va être riches, s’en mettre plein les poches. C’est qu’une forêt, un arbre n’a jamais mangé personne, c’est même vivant, ce n’est qu’un bout de bois. Par contre, on organise les choses comment ? »

A l’aise pour débiter un flot de bêtises et de paroles motivantes face à un public, elle l’était bien moins pour ordonner des choses sans que quelqu’un lance une idée.

La douche fut des plus glaciales. Autant son dédain face à la situation avait délié sa petite langue autant celui-ci avait vite retrouvé place dans son esprit souvent peu futé. Une élégante silhouette s’était dressée devant l’assemblée. Le petit groupe, les yeux rivés sur l’inconnue put constater l’étendue des savoirs de cette dernière. Cependant, un mystère planait sur son identité. De plus, se riait-elle d’eux ? Se pouvait-il qu’un clown ait été engagé pour divertir leur expédition ? Ce dit clown serait-il alors un trouble-faite qui devrait semer des embûches pour rendre leur périple plus palpitant ? Rien n’était moins sûr. Les vêtements noirs de cette personne ne dévoilaient guère son appartenance à leur monde aux aventuriers. Elle pouvait être chimère ou même poussière qu’ils se seraient faits duper. Les pupilles de Prince Charmant se chamaillaient l’endroit où recueillir quelconque information entre les quelques mèches de cheveux qu’offrait l’ouverture dans ses habits au niveau de sa tête et le mystère qui planait quand à ses formes. Thessalya, quant à elle, bien trop vexée pour en toucher mot se contentait de ruminer intérieurement ce qu’elle aurait proféré comme insanités à l’égard de cet étrange personnage.

« Je ne suis point petite et me prendre pour une chasseuse à l’affût du moindre petit gibier serait une méprise. Je pense avoir énoncé tout haut ce que chacun se demandait tout bas », se contenta-t-elle de rétorquer.

La donzelle justifia ses positions. Seulement, ses paroles, guère désagréables étaient emplies d’un sentiment de fierté cherchant à prouver qu’elle n’était point ignare ou incompétente. Tandis qu’elle se mordait les doigts d’avoir peut-être heurté l’honneur de cette personne, Lady M’as-Tu-Vu détaillait leur interlocuteur de ses yeux friands de curiosité. Une légère brise vint à balayer les horizons, dressant face à eux une forêt qui se voulait hostile et vivante. Le point de non retour serait prononcé lorsqu’ils décideraient d’entamer la marche vers les promesses d’or que leur avait faites le pseudo nain qui les avait accueillis. Un frisson parcourut l’échine de la blonde, s’ils se fourvoyaient en franchissant les arbres qui se dressaient là, l’aventure serait au rendez-vous. Pressée d’observer les bienfaits – quoiqu’ils seraient plutôt néfastes – de cette forêt, l’enjouée souhaitait tout de même quémander quelques réponses aux questions qu’elle allait poser, sur les désirs de leur encyclopédie sur pattes.

« Qui êtes-vous ? »

Les mots fusèrent, en si petite quantité qu’elle divulgua ses interrogations d’un souffle. Affichant un regard perplexe, sa curiosité semblait également de la partie. Non pas qu’elle craigne l’adversité mais si piège il y avait sous cette capuche, piège il faudrait évincer aussitôt. Pourtant, la voix de l’individu paraissait avenante, lui ayant paru assez claire, ces mots étaient bien choisis, cette personne connaissait donc de surcroît les lieux. L’appel d’un guide ne pouvant être que bénéfique, Thess se réjouissait de sa présence. Ne connaissant son identité, s’il s’était agi d’un haut personnage ou d’un soldat gradé, elle ne commit l’erreur de blesser dans son égo cette entité en la tutoyant. On lui avait toujours appris à être polie, à croire que l’éducation ne se perd pas comme cela.

Damoiseau Centaure se laissa aller à quelques bâillements, signe de son ennui notoire. Les lèvres entrouvertes de Prince émirent d’une voie fluette un soupir en accord avec les mimiques du mi-cheval mi-homme. Soudain, une question traversa l’esprit de la pirate. Avant que leur interlocuteur puisse répondre quant à son genre, couleur de cheveux et d’yeux ainsi qu’aux autres multiples questions que s’empresseraient de poser Prince ou Princesse selon le genre de l’individu, elle rajouta :

« Donc, d’après ce que j’ai compris, la forêt est vivante, ce ne sont donc pas que des contes pour endormir les enfants ? Est-ce vrai les nombreux pièges relatés à son sujet également ? Il paraît qu’elle peut vous faire vivre un Enfer, l’annonce ne stipulait pas ce genre de contraintes. Non pas que je recule devant le danger mais peut-être certains s’en plaindraient… »

Finissant sa phrase dans un murmure, la demoiselle scrutait imperturbable le pommeau de son sabre qui dépassait d’entre son fourreau persuadée que les armes ne suffiraient peut-être pas à les tirer d’affaire si survenait un problème. Ses yeux azurs restaient posés sur la silhouette inconnue qui pourrait apporter des réponses à ses craintes sachant que si sa fière elle faisait, ses angoisses intérieures pourraient la paralyser. Elle songea un instant à reculer bien que le besoin de se refaire une santé niveau argent restait indéniable. De plus, si beaucoup partaient, elle pourrait en retirer une plus grosse part.

Thessalya pouvait en offenser plus d’un, Thessalya ne savait guère garder sa langue dans sa poche. A vrai dire, la demoiselle agissait toujours inversement à ce qu’elle aurait dû faire. Que voulez-vous, on dote parfois certains grands esprits tels que le sien de minces faiblesses. Evidemment, si elle venait de prouver une nouvelle fois sa maladresse, leur interlocutrice rattrapa cette bévue en offrant d’une voix plutôt mélodieuse son identité. Ce n’était qu’un nom parmi tant d’autres, une dénomination donnée ainsi, elle aurait pu s’appeler Packman ou Slugorn mais il n’en était rien. Les mots que cette dernière venaient de prononcer laissèrent l’assemblée un instant perplexe, tant de noblesse se dégageaient de ses brèves paroles et pourtant, la jeune femme savait que les dernières paroles s’adressaient à son cas. Jamais personne ne s’était excusée alors qu’elle avait fanfaronné et maîtrisé la situation à son goût. Elle était la punie, trop prétentieuse et un peu trop farouche, cette Lady n’aurait guère dû la remettre à sa place mais se cantonner au rôle qu’il faut jouer avec les individus à l’image de la blonde, c'est-à-dire la sanctionner. Ils sont beaux et imposants les discours que celle-ci peut tenir mais ô combien vexants et sans intérêts. Cependant, on se pliait à ses caprices et on s’excusait, si la belle avait prêté plus attention à ces belles paroles et qu’elle avait su ceci, elle n’aurait jamais porté son attention sur cette curieuse Dame mais ce serait cantonné aux énergumènes qui les accompagnaient.

Tandis qu’elle envisageait une solution pour s’excuser à son tour, l’intéressée enchaîna sur de nombreux points répondant ainsi aux interrogations de l’humaine et sûrement de beaucoup d’autres présents. L’aventure s’annonçait pimentée bien que dangereuse. Les sens de la fille s’allumèrent, pressentant de beaux souvenirs mais également des dangers certains qu’elle n’avait peut-être point envie de croiser finalement. Elle savait défendre sa vie dans certaines conditions mais à basse mesure, là, elle ne savait ce qui pourrait se dresser devant eux. Acquiesçant aux paroles de leur affûtée guide, elle prit le pas en direction de leur but final ayant presque oublié celui-ci d’ailleurs. Là, la Dame des Neiges s’adressa personnellement à son cas, ne la sermonnant point, elle lui précisa même d’accéder à ses côtés si jamais le danger se manifestait. Il était rare que l’on prenne soin d’elle et que l’on s’interpose face à ce qui pourrait engendrer sa mort. Cette femme était quelqu’un de bien, peu ordinaire sûrement bien que Thessalya ne questionnerait en rien celle-ci.

« D’accord, j’y veillerai alors. Et également, excusez ma prétention et superficialité par moments. »

Elle ne protesta face à ce pseudo ordre qu’elle aurait pu retenir ainsi car son interlocutrice était sérieuse, rien ne trahissait une stupide farce à l’encontre de celle qui aurait pu la blesser. Au lieu de ça, elle détailla le décor, cela aurait pu être paradisiaque comme endroit et enchanteur s’il n’y avait eu ces drôles de rumeurs qui par moment semblaient prendre vie autour d’eux. En effet, alors qu’ils pensaient presque s’aventurer dans une banale forêt, il fallut reconnaître qu’ils avaient torts. Plus aucun son ne traversait les arbres qui balayaient auparavant de leurs branches l’air offrant de drôles de bruits. Ils avaient débouché dans un étrange endroit qui aurait pu être féérique mais, se souvenant des paroles de la Lady, la blondinette n’osa imposer un sourire et laissa une moue l’emporter. Prince Charmant vit alors l’occasion idéale pour charmer ces dames et précisément celle aux longs cheveux clairs qui semblaient avoir séduit le bellâtre de son joli minois. Il se pressa vers cet immense champ de fleurs en courant, criant qu’ils ne craignaient rien car lui-même était encore en vie. Il stoppa net sa course, regardant ceux qui n’avaient pas bougé. Un sourire long jusqu’aux oreilles égayait son visage. Sauf que bientôt, il ne put plus bouger, ses mouvements semblaient agir au ralenti. En fait, ses jambes étaient prisonnières et le haut, tétanisé de peur n’osait bouger trop. Les charmantes demoiselles fleurs venaient d’étendre leurs puissantes racines pour enrober le gentilhomme qui finirait soit en repas ou elle n’osait imaginer le but de ceci. Des bouches béantes, si l’on peut dire cela ainsi, venaient d’apparaître au milieu de ces précédemment belles printanières qui continuaient de ligoter leur ami. Autour, certaines fleurs disparurent, peut-être la peur et laissèrent de leur passage pour seul signe qu’un carré de terre défraîchi. Thessalya avait peur car les montres, les grosses bêbêtes qui ressemblent à des carnivores normaux, dérivés d’un gros toutou oui, mais des plantes qui veulent se nourrir avec de la chair fraîche, non. Après, peut-être rêvait-elle et ceci n’était guère possible mais ce qui était sûr, c’est que le prince était ligoté fermement. Approchant de leur guide, elle n’en menait pas large et demanda d’une petite voix.

« Nendili...Qu’est-ce que c’est que ça ? On va pouvoir l’aider ? J’avoue que je ne m’attendais pas à ça et je me demande vraiment comment nous allons traverser… »

Le centaure tâta de son sabot le terrain, là où certaines fleurs avaient subitement disparu, il n’y avait apparemment aucun danger à emprunter ces carrés de terre mais était-ce réellement vrai ?

[ Je sais pas trop si ce que j'ai inventé convient vraiment à l'univers donc on peut garder que le ligotage vu ce que j'ai écrit ^^ ]